Face à la récente inestabilité qui affecte les publications académiques, nous nous réjouissons de vous présenter le numéro 71 de Trace. Grâce à un travail soutenu et enthousiaste, nous vous proposons notre publication en version imprimée et au format numérique, lequel a créé un changement dans l’accès à la connaissance ces dernières années.

La section thématique regroupe quatre articles coordonnés par Danièle Dehouve : il s'agit de propositions originales et novatrices d'une importance majeure quant au thème des dieux aztèques. La coordinatrice résume ainsi l’ensemble des contributions :

Depuis plus d’un siècle, les nombreux dieux aztèques ont fait l’objet d’une littérature abondante mais fondée sur une seule conception. En effet, on les a considérés comme les membres d’un panthéon, à savoir comme une multiplicité d’entités ordonnées selon une classification, et constituant une totalité. Ces postulats ont conduit les chercheurs à identifier les dieux à partir de leurs attributs (noms et ornements), présupposant que ceux-ci constituaient leur essence et les distinguaient les uns des autres. Cette conception a mené à un échec parce que les dieux mexicas sont multifonctionnels, dès lors aucune classification fondée sur leur fonction n’est possible. De plus, les frontières entre eux ne sont pas imperméables et ils passent facilement d’une entité à l’autre. Pour dépasser ces difficultés, les travaux présentés ici […] considèrent les dieux, pas en eux-mêmes, mais en lien avec les actions humaines. Comment pense et agit un dieu ? Les propositions des articles posent la question des principes qui guident la multifonctionnalité des dieux et le déchiffrement de leur iconographie dans leur contexte.

Ces articles sont présentés dans l’ordre suivant : « Los nombres de los dioses mexicas : hacia una interpretación pragmática » de Danièle Dehouve, puis : « ¿ El dios en mosaico ? La composición de la imagen de la deidad en los códices adivinatorios », écrit par Katarzyna Mikulska. Le troisième s’intitule « Los dioses mexicas y los elementos naturales en sus atuendos: unos materiales polisémicos », de Loïc Vauzelle. Enfin, l’on a « ‘El instrumento para ver’ o tlachieloni», de Martine Vesque.

La section générale réunit deux articles traitant de deux aspects distincts de la migration. Le premier, intitulé « Prácticas resistentes en el México de la desaparición forzada » de Caterina Morbiato, propose une réflexion sur la manière dont le territoire mexicain est affecté par cette pratique. La version officielle donnée par l’État est mise en doute à travers les cas de la Caravanne des Mères Centraméricaines (à la recherche des membres de leur famille migrants) et la disparition des 43 étudiants normalistes de Ayotzinapa. Le second texte présente le cas de deux mères migrantes et l’expérience de leur retour dans leur pays d’origine. Cet article, de María Vivas-Romero y Anabela O. Sánchez Martínez, porte le titre de : « Tracing Migrant-Mothers’ ‘Return’ Narratives in the Mexico-United States and Peru-Belgium Migratory-Circuits ».

Dans la section « Compte-rendu », Carlos Guadalupe Heiras Rodríguez fait l’analyse du livre Una noche de espanto. Los otomíes en la obscuridad de Jacques Galinier, en expliquant que « la nuit est le cadre spatio-temporel, qui rend manifeste toute l’économie politique des échanges énergétiques qui s’établissent entre tous les êtres peuplant l’univers. »

Nous terminons cette édition par un résumé de Guillaume Duarte sur les Journées des Jeunes Américanistes 2016, dont le thème était : « Particularismos y patrimonialización en las Américas. Cuestiones multidisciplinarias y comparatismos a través de las escalas espaciales y temporales ». Cet événement a été organisé par le Centre d’Études Mexicaines et Centraméricaines, le Colegio de Michoacán et la Casa de Velázquez. Il a permis de mettre en place une réflexion interdisciplinaire sur les concepts de particularisme et de patrimonialisation.

Le Sécretariat de rédaction. Mexico, janvier 2017.